Les projets de "carbone bleu" sont ils réalisables sans le soutien des communautés?

Les écosystèmes côtiers sont des atouts essentiels pour les communautés du monde entier, qui en dépendent souvent pour leur subsistance. Ces zones fournissent aux populations d’abondantes ressources qui alimentent les sources de nourriture et les industries de la pêche, tout en protégeant les populations des tempêtes et des tsunamis, en créant des barrières naturelles qui réduisent l’érosion et préviennent les inondations.

Pourtant, les avantages de ces écosystèmes vont bien au-delà de leur impact sur l’homme. Des écosystèmes côtiers sains sont également de puissants vecteurs d’atténuation du changement climatique grâce à leur rôle dans Le « carbone bleu »-qui désigne le carbone capturé et stocké dans les habitats marins, tels que les prairies marines, les marais et les mangroves.

Le vaste potentiel de séquestration des émissions des projets de carbone bleu ne doit pas être sous-estimé.

avec la capacité de stocker environ 3 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre dans le monde

Quel est donc le rôle des communautés dans la protection des écosystèmes côtiers et marins ? Le carbone bleu est-il possible sans le soutien direct des communautés, en tirant parti de leurs compétences et de leurs connaissances locales pour garantir son impact ?

Les communautés côtières et le carbone bleu sont naturellement alignés

L’intérêt pour le carbone bleu en tant que solution climatique naturelle s’accroît dans le monde entier.Cependant, les écosystèmes côtiers sont confrontés à des menaces plus importantes que jamais. En Indonésie, par exemple, où l’on trouve environ 20 % des mangroves du monde, les écosystèmes côtiers sont détruits en raison d’une série d’activités économiques, notamment l’aquaculture (élevage de crevettes et de poissons) et l’aménagement du littoral.

C’est pourquoi l’implication de la communauté est si importante dans les initiatives de carbone bleu. En alignant les projets de carbone bleu sur les priorités régionales, nous pouvons obtenir des résultats prospères pour les communautés locales grâce au partage des bénéfices et aux programmes économiques. Cela souligne le rôle des écosystèmes côtiers et marins en tant que ressources précieuses à protéger pour l’avenir à long terme – au lieu de surexploiter la nature à court terme, ce qui conduit à la dégradation d’écosystèmes essentiels et à la libération rapide de carbone dans l’atmosphère.

L’implication de la communauté est la clé de la réussite d’un projet et de la prospérité à long terme des mangroves. -Emilia d’Avack Thomas (responsable mondial des écosystèmes marins, PUR)

Pas d’impact à long terme sans participation de la communauté

Les développeurs de projets doivent être prudents lorsqu’il s’agit de garantir la longévité des initiatives en matière de carbone bleu. À la fin d’un projet, il peut y avoir des revendications légitimes concernant la séquestration du carbone. Mais si les habitants de la région restent économiquement défavorisés, ils risquent de continuer à dépendre de la surexploitation des ressources naturelles pour assurer leur subsistance. Cela signifie que les totaux de carbone ne sont pas à eux seuls de bons indicateurs des résultats à long terme.

En fin de compte, la réussite des projets et leur contribution à l’atténuation du changement climatique ne peuvent être obtenues que par un soutien continu de la communauté, motivé par un changement de comportement à long terme autour de la conservation des écosystèmes et de la gestion durable des ressources.

Priorité aux avantages pour les communautés dans le cadre des projets carbone bleu

Pour motiver les communautés à participer à des projets de carbone bleu, les entreprises et les organisations peuvent offrir des incitations pertinentes qui sont directement liées aux moyens de subsistance des familles locales.

En Indonésie, PUR est en train de développer des programmes sociaux et économiques associés à la restauration des mangroves, tels que :

• Aquaculture durable : Créer des opportunités pour le développement durable de l’aquaculture, en cultivant des écosystèmes résilients qui soutiennent la vie aquatique et en facilitant l’accès des communautés gérées à la pêche.
• Programmes d’autonomisation des femmes : Collaboration avec des coopératives dirigées par des femmes dans le cadre de programmes éducatifs sur l’esprit d’entreprise et les affaires pour les femmes, qui se concentrent sur la gestion financière pour la création d’entreprises associées à la durabilité de l’environnement.
• Micro-entreprises issues des forêts de mangroves : Développer des start-ups qui récoltent de manière durable des produits de valeur dans les mangroves, tels que des médicaments, des fruits et des feuilles comestibles, ainsi que de l’écorce qui peut être utilisée comme teinture naturelle dans les vêtements.
• Nettoyage des côtes : Les événements communautaires visent à nettoyer collectivement le littoral, afin de prévenir l’impact négatif du plastique et d’autres déchets sur les écosystèmes vitaux.

« La protection des mangroves et la restauration de celles qui sont endommagées contribuent également à lutter contre le changement climatique grâce au piégeage du carbone. En effet, les mangroves font partie des écosystèmes les plus riches en carbone de la planète, stockant en moyenne 1 000 tonnes de carbone par hectare dans leur biomasse et dans les sols sous-jacents. »
–Programme des Nations unies pour l’environnement